Jeu psychologique : comment le déceler et comment s’en sortir ?
12/7/2022
Rémi Zunino
Rémi Zunino

Jeu psychologique : comment le déceler et comment s’en sortir ?

Le jeu psychologique, tel que définit par Karpman, désigne le type de rôles dans lesquels nous pouvons rentrer dans le cadre d’une communication dysfonctionnante. Karpman est un élève d'Eric Berne, fondateur de l'Analyse Transactionnelle. En travaillant avec Eric Berne, il a conceptualisé un schéma appelé le « triangle dramatique ». Ce schéma est un jeu psychologique dans lequel nous pouvons toutes et tous entrer au cours de notre vie. Ce jeu est si habituel et codifié qu’il en paraît naturel. Dans cette Minute Coaching Professionnel, nous levons le voile sur ce jeu psychologique afin de mieux en sortir, voire d’éviter d’y entrer.

 

Jeu psychologique : les 3 rôles du « triangle dramatique »

Les trois rôles dans lesquels nous pouvons rentrer dans ces situations de communication dysfonctionnelle sont les suivants :

-       Persécuteur

-       Sauveur

-       Victime

Pour bien comprendre, prenons un exemple. Je vais parler à très bon ami, je vais lui dire :

« Tu viens à la soirée samedi ?

-Non, tu sais bien, j'ai des petits enfants en bas âge.

-Tu pourrais prendre une baby-sitter.

-Non, les baby-sitters, moi, je n'ai pas confiance.

-Si tu veux, moi, j'en connais une, je peux te la recommander.

-Non, moi, ma femme, elle veut plutôt... »

Dans cette situation je me positionne dans ma tentative d'être sauveur, c'est-à-dire de tenter d'aider la personne tout en n'ayant pas forcément tous les moyens pour l'aider. Et alors qu'il ne m'a rien demandé, je me positionne. C'est le principe du sauveur, c'est de vouloir à tout prix aider quelqu'un qui ne m'a rien demandé. Et en général, ça peut se terminer de cette manière :

« Mais de toute façon, je ne t'ai rien demandé, laisse-moi tranquille, on ne vient pas à la soirée. »
Ce qu'on appelle, dans le cadre du jeu psychologique, le « coup de théâtre » ou le « switch », c'est-à-dire qu'à un moment ou à un autre, les rôles basculent et le persécuteur devient victime, ou le sauveur devient persécuteur ou la victime devient persécuteur.

 

Je peux prendre un autre exemple dans lequel je me mets en communication dysfonctionnante en arrivant comme victime, en disant :

« Oui, mais moi, je ne peux pas réussir mes objectifs parce que je n'ai pas les moyens.

-Parlons-en. Qu'est-ce que tu proposes ? De quoi as-tu besoin ?

-Je ne sais pas. De toute façon, rien n'est possible dans cette société. Je n'y arriverai jamais.

-Dis-moi exactement ce qui est difficile et ce qui n'est pas difficile.

-Mais de toute façon, j'en ai déjà parlé, mais rien n'est possible pour moi. »
Donc là, typiquement, la personne se met en situation de victime et dans un jeu dans lequel l'autre, quoi qu'il fasse, n'arrivera jamais à résoudre sa situation.

 

Comment rentre-t-on dans un jeu psychologique ?

Parfois, on se fait juste attraper par un hameçon. Parce que le jeu, finalement, c'est lorsque la personne nous tend un hameçon, qu’on l’attrape, et qu'on lui dit :

« Tu finis par m'agacer. Rien n’est jamais possible avec toi. »

Et boum, je me mets dans le rôle de persécuteur. Je me suis fait attraper par l'hameçon. Donc la communication qui consiste à ne pas rentrer dans le jeu, même si on joue à des jeux pratiquement toute la journée, c'est d'en avoir conscience et de se dire : « Comment je sors de ça, et comment je dis : " Là, je vois qu'on a une communication qui n'est pas forcément très efficace. Prenons le temps d'en discuter à un autre moment. " et de me remettre en position de ne pas attraper l'hameçon que me tend l'autre et me poser et proposer une discussion constructive. »

 

Donc, chacun de nous, nous pouvons avoir une tendance un peu plus forte à jouer tel ou tel jeu et toute notre vie, ce qui compte, c'est d'être sensible lorsqu'il y a une communication qui commence à dysfonctionner, à pouvoir repérer si nous endossons un rôle de persécuteur, un rôle de victime ou un rôle de sauveur.

 

Pourquoi jouons-nous des jeux psychologiques ?

Ces jeux sont joués parce qu'on y trouve un bénéfice, parce que si ce n'était pas le cas, on ne les jouerait pas. Par exemple, les personnes qui, souvent, se mettent en persécuteur, c'est-à-dire avoir une position haute, critique, assez brutale, leur bénéfice final, c'est souvent de se dire : « Grâce à moi, les choses avancent et de toute façon, il faut être agressif pour faire avancer les choses et grâce à Dieu, grâce à ce comportement, j'obtiens obéissance. » Donc, c'est le bénéfice, c'est ce qui fait qu'on peut continuer à jouer des jeux ainsi.

 

Pour le sauveur, le bénéfice recherché, c'est d'obtenir la reconnaissance. « Regardez tout ce que je fais pour vous. » Et généralement, oui, ils obtiennent des retours un peu « ingrats », du type : « Je ne t'ai rien demandé. » Donc par exemple, avec toute la bonne intention du monde, il peut y avoir une tendance chez quelqu'un à vouloir trop me « cocooner » ou à être un manager trop étouffant, à vouloir sans arrêt vouloir m'aider et la bonne volonté derrière est de vouloir accompagner la personne et à vouloir trop sauver, parfois j'obtiens un rejet de la part de l'autre et donc mon bénéfice final, c'est de prouver que : « Vous voyez, j'ai beau faire tout pour les autres, à la fin, les gens sont ingrats

 

Le bénéfice pour la personne qui joue la victime, c'est se faire plaindre. C'est qu'on fasse attention à elle et qu'on s'occupe d'elle, être le centre du monde. Mais bien souvent, la victime obtient le contraire de ce qu'elle voudrait obtenir, étant considérée par les autres comme elle-même persécuteur. Son souhait le plus cher, c'est d'être au centre des préoccupations.

 

Jeu psychologique : comment ne pas y entrer ?

Lorsque l’on rentre dans un jeu, généralement il y a une bonne intention. Et donc toute l'intelligence de la communication, c'est de se dire : « Gardons ma bonne intention et descendons en communication paritaire. » Pour un persécuteur, c'est être capable de dire : « Il y a quelque chose qui ne me convient pas. Parlons-en. Comment est-ce qu'on peut, ensemble, travailler à ce que ça se passe au mieux ? » Pour la victime, c'est de dire : « Je vois bien qu'il y a quelque chose qui me gêne. J'ai besoin de faire une demande. J'ai besoin d'exprimer un besoin. Mais je peux comprendre que ce soit possible ou pas. » C'est apprendre à faire des demandes et des besoins et surtout à proposer. Et pour le sauveur, c'est se dire : « Finalement, est-ce que la personne m'a demandé quelque chose ? Est-ce que la personne a demandé à être aidée ? Et est-ce qu'à un moment donné, je ne vais pas juste intervenir quand la personne a besoin de moi ? »

 

Donc tout est une question, finalement, de réflexion sur soi en se disant : « Où dois-je mettre la dose pour que la communication reste saine et constructive et que je ne rentre pas dans un schéma ? » Repérez les hameçons que les personnes vous tendent et que vous avez tendance à saisir. Sachez, une fois que vous les avez attrapés, à sortir du jeu en disant : « Stop, je crois que la communication est en train de déraper. Prenons un peu plus de temps pour y réfléchir. » Et n'hésitez pas à ne pas culpabiliser parce que nous sommes de toute façon des êtres humains et qu'il n'est pas rare que nous jouions très, très souvent. À bientôt pour une nouvelle Minute Coaching.

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